
Anecdotes de jeunesse
Forget me not
Lorsque j’avais sept ans, des myosotis, aussi appelé Forget me not, poussaient dans ma cour. J’adorais ces petites fleurs délicates à cinq pétales, généralement bleues, mais aussi roses ou blanches. Des bouquets se retrouvaient dans notre cuisine, comme centre de table. Quand ils mourraient, ma mère me disait de les jeter dans la cour arrière et aux endroits où il y en avait moins. Le printemps d’après, il en poussait exactement où j’en avais laissées. Lorsque j’ai eu mon premier appareil photographique, j’ai pratiqué la fonction macro en prenant les myosotis pour modèles. Après une bonne séance, je rentrais montrer mes prises à mon père, photographe. Je passais par la porte arrière, prétexte pour cueillir quelques brins du plan de ciboulette qui poussait près de là. Aujourd’hui, notre cour entière est recouverte de myosotis, comme si elles craignaient qu’on les oublie… Par contre, il n’y a plus de ciboulettes.
Jeux d’été
Les étés de mon enfance, je les ai passés à mon chalet sur le bord du fleuve St-Laurent, à Cacouna. Mes voisins avaient deux enfants, une fille et un garçon d’environ mon âge. Nous occupions nos journées à jouer ensemble sur la plage et dans le boisé. Nous ramassions des Salamandres qui se cachaient sous les roches humides de la falaise pour les capturer dans un terrarium. Nous l’avions conçu à l’aide d’un guide sur les amphibiens. Nous les nourrissions pour les garder jusqu’à la fin de l’été, où nous leur redonnions leur liberté. Il y avait aussi les gammares, ces crustacés ressemblant à des crevettes peuplant les trous d’eau. Nous tentions de les attraper. Ma voisine, elle, s’amusait à les faire cuire sur la grosse roche où l’on se retrouvait en matinée…
Mauvaise blague
Un été comme les autres, nous sommes tombés sur une journée particulièrement chaude pour le Bas-St-Laurent. Je m’amusais avec mes voisins de chalet comme toujours, lorsqu’on s’est dit qu’une bonne Slush ferait du bien. La marée étant basse, il n’y avait pas d’autres moyens de se rafraîchir. Ça ne disait pas à mon amie de monter la côte de la forêt pour aller au dépanneur, alors j’y suis allée avec son frère. Une fois arrivés, nous devions choisir nos saveurs. Pour moi : un mix au hasard et 3 traitements-chocs (liquide surette). Mon ami prit sensiblement la même chose. Il nous restait à passer la commande pour sa sœur. J’allais opter pour un traditionnel à la framboise bleue, mais son frère en décida autrement. Et nous retournâmes au chalet. Sa sœur prit à peine une gorgée de sa Slush qu’elle regretta aussitôt de nous avoir laissée aller seuls au dépanneur. Sa boisson contenait des tonnes de traitements-chocs!
L’admirateur secret
J’étais en secondaire trois. Je n’avais jamais eu de copain et aucun gars ne m’avait montré un quelconque intérêt. Je ne m’étonnais pas, après tout, je ne suivais pas la mode et ne me maquillais sous aucun prétexte. Les gars appréciaient plutôt les filles qui s’arrangeaient de façon aguichante. Je ne faisais pas partie des populaires non plus.
Un jour, j’ouvris ma case et vis un papier. Je le dépliai et lu quelque chose qui ressemblait à ça :
Salut,
Je voulais te dire que ça fait longtemps que je t’observe et je te trouve belle. Je voudrais te voir. Rendez-vous où les casiers proches des toilettes jeudi midi.
Je sentais que c’était une blague. Le mot était écrit d’une main maladroite, précipitée et sans soin apparent. Je l’ai montrai à ma meilleure amie pour avoir son opinion. Elle m’a dit qu’on devrait aller au rendez-vous, pour voir. Alors le jour venu, nous nous sommes rendues près de l’endroit indiqué, à l’avance. Ainsi, nous verrions la personne arrivée. Après un long moment d’attente et l’heure passée depuis un bon moment, nous avons quitté notre poste. De retour à ma case, un nouveau papier m’attendait :
Finalement, je t’ai vu et j’ai changé d’avis. Bye.
Copie-colle vs Inspiration
En secondaire quatre, j’avais enfin réussi à avoir un cours d’art plastique en option. Un jour, j’eus un travail écrit : une analyse d’une œuvre. Installée à mon bureau, chez moi, avec des livres d’arts de ma mère devant moi, je choisis un tableau qui m’inspirait. Je n’avais pour informations que son nom, sa grandeur originelle et le nom de l’artiste bien sûr. Dès que je posai mes doigts sur mon clavier, des mots me vinrent, décrivant la scène. C’était un paysage rappelant le fantastique des contes, et j’adorais ce genre, alors les idées coulaient à flots. Après rédaction, j’allai présenter mon travail à mes parents. Ils me lurent et furent impressionnés, même s’ils savaient que j’étais capable d’écrire ce genre de textes. Ils me pointèrent quelques fautes que je corrigeai immédiatement. Le jour dû, je remis mon travail. J’étais fière de ce que j’avais réussi à produire. Une semaine plus tard, je reçus ma copie corrigée : des commentaires remplissaient les marges. Tous me disaient : « Je veux voir tes sources. Où as-tu pris cette analyse? Cela m’étonnerait que tu aies produit cela seule. » Il pensait que j’avais copié! Je me levai, des larmes au bord des yeux, et allai lui expliquer que l’analyse venait de moi. Il me regarda de haut, l’air de dire : « Tu te prends pour qui? Impossible que tu aies écrit cela, t’as jamais suivi de cours d’art avant! » Après le cours, j’allai voir ma professeure de français, aussi ma tutrice et je lui relatai la situation, elle savait que j’avais pu produire ce genre de travail. Elle régla la situation avec mon professeur d’art qui s’excusa auprès de moi. J’eus 9.5/10.